Baudelaire ou « l'Aloïsius Bertrand de la Décadence »
Abstract
Sur la couverture d'un dossier contenant des articles nécrologiques sur Baudelaire, Sainte-Beuve a inscrit une formule qu'il a entourée d'un trait de plume, comme si elle était son verdict définitif sur l'oeuvre du poète défunt : « Baudelaire, dans l'art romantique, c'est l'Aloïsius Bertrand [sic] de la Décadence 1. » Dans un article du 20 janvier 1862, il avait situé Baudelaire « à la pointe extrême du Kamtschatka romantique », dans « un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté », qu'il avait appelé « la folie Baudelaire » et qui représentait allégoriquement le caractère décadent de la poésie baudelairienne 2. En le considérant comme « l'Aloïsius Bertrand de la Décadence », il fait écho à la lettre-préface du Spleen de Paris, publiée pour la première fois dans La Presse le 26 août 1862 : Baudelaire y reconnaît l'auteur de Gaspard de la Nuit comme son « mystérieux et brillant modèle », tout en ajoutant qu'il a choisi pour ses poèmes en prose une autre thématique, « la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne », celle qu'on mène dans les « villes énormes » et qui reflète à ses yeux, non les progrès de l'humanité, mais sa déchéance. En se référant à Aloysius Bertrand, l'inventeur du poème en prose, pour définir le talent
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