Topogenèse et dispositions. Des concepts pour une analyse sociodidactique d’une situation d’apprentissage
Abstract
This paper links elements of Bourdieu's dispositional sociology to some concepts of the Theory of Joint Action in Didactics (TACD), in order to envisage a sociodidactic analysis of a learning situation. Various studies have shown that sociological analysis and didactic analysis can meet through the use of common or convergent concepts. The concept of topogenesis is proposed here as a candidate for this common approach. Developed by Chevallard, this concept describes the position (topos), high or low, occupied by each of the agents in a didactic situation, and accounts for the role of each in the process of appropriating the knowledge at stake in the situation. It leads us to see a learning situation as a social situation in which dispositions, unequally incorporated by pupils account for their differentiated position in relation to knowledge in the space of the didactic situation, and guide their practical sens. The concept of topogenesis is used to analyse the interactions within a group of ten-year-old pupils, during a history session in which they are asked to write a synthesis of the key events at the start of the French Revolution that had been studied in previous sessions. Two pupils in the high position demonstrate a disposition that enables them to manage the construction of knowledge during the session, while one pupil who places herself (and is placed) in the low position devotes herself to a scribe's activity that does not provide much learning. A final pupil abandons an initial offside position and shows more conducive dispositions to learning when the learning situation is modified. The unequal appropriation of knowledge by students is analysed from both didactic and social perspectives.
Ce texte articule des éléments de la sociologie dispositionnaliste de Bourdieu à certains concepts de la Théorie de l’action conjointe en didactique (TACD) pour envisager une analyse sociodidactique d’une situation d’apprentissage. Diverses études ont montré que l’analyse sociologique et l’analyse didactique peuvent se rencontrer par l’usage de concepts communs ou convergents. Le concept de topogenèse est proposé ici comme concept candidat à cette approche commune. Ce concept élaboré par Chevallard permet de décrire la position (topos), haute ou basse, occupée par chacun des agents dans une situation didactique, de rendre compte du rôle de chacune et de chacun dans le processus d’appropriation des savoirs en jeu dans la situation. Il conduit à voir une situation d’apprentissage comme une situation sociale où des dispositions inégalement incorporées par les élèves rendent compte de leur position différenciée par rapport aux savoirs dans l’espace de la situation didactique et orientent leur sens pratique. Le concept de topogenèse sert ici à analyser les interactions à l’intérieur d’un groupe d’élèves âgés de dix ans, lors d’une séance d’histoire où il leur est demandé de rédiger une synthèse portant sur les évènements marquants du début de la Révolution française qui avaient été étudiés lors des séances précédentes. Deux élèves en position haute manifestent des dispositions qui leur permettent de gérer la construction des savoirs au cours de la séance, tandis qu’une élève qui se place (et est placée) en position basse se consacre à une activité de scribe peu pourvoyeuse d’apprentissages. Un dernier élève abandonne une position initiale de hors-jeu et manifeste des dispositions plus propices aux apprentissages quand est modifié le dispositif de la situation d’apprentissage. L’inégale appropriation des savoirs par les élèves est analysée sur le plan didactique et sur le plan social.
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