“Hoʻoūlu Lāhui” : alliances et indigénisation à Hawai`i, 1820-2020
Abstract
Le contre-récit hawaiien oppose au mythe du bon sauvage polynésien apathique et attardé celui d’un peuple éduqué et efficace qui a depuis plus d’un millénaire géré habilement et constamment les ressources limitées d’un archipel isolé dans le Pacifique Nord. La communication explorera les formes diverses de coopération avec des non-Hawaiien-ne-s dans le but de préserver la légitimité autochtone, mais aussi de façonner à leur manière la nation étatsunienne et de promouvoir une forme souvent hybride et mouvante d’indigénéisation. Je tenterai à partir de l’idée de contre-récit national d’analyser la constance de cet objectif par l’entremise des différents types d’alliances forgées durant l’histoire des deux derniers siècles entre les Hawaiien-ne-s et les non-Hawaiien-ne-s.
La première partie de la présentation consistera en une analyse succincte de l’intégration politicosociale de la monarchie hawaiienne au sein des normes occidentales de gouvernance à des fins de préservation de la légitimité politique et civilisationnelle du régime, dans un processus adaptatif qu’Augustin Habran a appelé « acculturation stratégique » concernant la nation cherokee. La seconde partie consistera à analyser l’intégration progressive du mouvement de Renaissance hawaiien des années 1970 aux revendications afro-américaines et autochtones du continent, avec comme points d’orgue l’intégration du mouvement de revitalisation de la langue
hawaiienne dans le système éducatif étatique (étatsunien, 1986) ou l’adoption par le Congrès fédéral des lois successives sur les langues autochtones (à partir de 1990), ou encore l’intérêt pour le système des écoles à charte dès la fin des années 1990, dans un élan commun pour sortir de l’impasse éducative d’une majorité d’élèves hawaiien-ne-s, afro-américain-e-s ou amérindien-ne-s.
Enfin, je finirai la présentation par l’évocation d’un nouveau type d’alliance entre les méthodes scientifiques issues de la science européenne mondialisée et ʻIke Hawaiʻi (savoir « traditionnel »), notamment sur la question globale du changement climatique et des très nombreuses initiatives scientifiques, mais aussi associatives, culturelles ou politiques, entre Hawaiien-ne-s et non-Hawaiien-ne-s.