Pour un indianocéanisme littéraire
Résumé
Il s’agit ici de fonder scientifiquement un indianocéanisme littéraire en partant des projets et des réalisations de Camille de Rauville, notamment L’Anthologie de l’océan Indien (1956) et Littératures francophones de l’océan Indien (1990). Cet indianocéanisme, néologisme que Camille de Rauville préfère à l’océanindianisme (Rauville, 1990 : 19-20), vise à conjuguer – littérairement en l’occurrence – les différentes îles de l’océan Indien ; il prend principalement en compte les Mascareignes, c’est-à-dire La Réunion et Maurice, îles désertes avant la colonisation, sans oublier Madagascar.
Les recherches sur l’océan Indien littéraire sont ensuite poursuivies notamment par Jean-Louis Joubert, également auteur d’un essai intitulé Littératures de l’océan Indien (1991) ainsi que d’une anthologie en collaboration avec Amina Osman et Liliane Ramarosoa, intitulée Littératures francophones de l’océan Indien (1993). Cette nouvelle approche, panorama plus détaillé et plus approfondi, moins idéaliste et moins mystique, juxtapose les îles et les
archipels, c’est-à-dire Madagascar, Maurice, La Réunion, Les Seychelles et les Comores, plus
qu’elle ne les coordonne.
La méthode de l’analyse du discours, qui propose une conception ouverte de la littérature comme ensemble des discours oraux et écrits, conformément au concept d’archive (Foucault, 1969), se définit ici au carrefour de la littérature et des sciences humaines,
notamment l’histoire, Auguste Toussaint publiant celle de l’océan Indien à partir de 1961.
Le but de la présente conférence est de tirer le bilan des recherches littéraires indianocéanes et de tracer une voie pour émanciper cette zone maritime du continent africain. Cette approche conjugue analyse et synthèse pour permettre de connaître, sans s’y arrêter, les
différentes formes de discours de l’insularité indianocéane, chacune pour elle-même avant de voir le réseau qu’elles forment par comparaison les unes aux autres.