L'Homo americanus à la dérive : Délivrance et le brouillage des codes
Abstract
Plus de quarante ans après sa sortie, Délivrance (Deliverance, 1972) demeure l'un des films les plus marquants du vingtième siècle. Lorsque Boorman décide d'adapter à l'écran le roman du poète sudiste James Dickey, l'homme américain est en quête de repères : ébranlé par les changements radicaux des années soixante-dix, le mythe de l'homo americanus conquérant et invulnérable ne fait plus recette. Présenté comme un récit initiatique où quatre citadins partent à la conquête d'une frontière en voie de disparition (la rivière Cahulawassee, sur le point d'être éliminée par un barrage), le film de Boorman subvertit les cadres génériques du western et du buddy film en déjouant les horizons d'attente du spectateur. Par le brouillage des genres, le choix des acteurs, la dangerosité assumée (et même affichée) du tournage et le détournement d'un certain nombre de codes cinématographiques, Boorman met en évidence la fragilité des codes masculins du début des années soixante-dix. Cette perte de repères chez le spectateur reflète l'atmosphère instable aux Etats-Unis dans les années soixante-dix.
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