Ysaïe le Triste, Une Esthétique de la Confluence : Tours, Tombeaux, Vergers et Fontaines
Abstract
Ce tard venu qu'est Ysaïe le Triste (première moitié du XVe siècle ?) témoigne d'une nette évolution par rapport à ses modèles littéraires. Suite du Tristan en prose et de la Mort Artu, il s'émancipe de ses pré-textes en s'achevant de manière atypique sur une double geste épique : il comble la pseudo-lacune des chansons de geste consacrées à Aubéron et se clôt sur une fresque sarrasine. La venue du nain hideux Tronc - qui n'est autre que le petit roi de féerie Aubéron - induit de nombreux gauchissements du matériau arthurien, dans le traitement des motifs, des personnages, dans l'idéologie et l'esthétique du roman. Il introduit la veine burlesque et participe activement de cette nouvelle esthétique de la confluence, qui mêle les genres (insertions lyriques, fabliau, exemplum), les registres et discours littéraires. Enfin, les lieux fondateurs de l'arthurianisme sont vidés de leur contenu et l'auteur leur substitue sa propre création du verger des fées, lieu de la fabrique du roman, reliquaire de la tradition arthurienne et tombeau des héros.