Édifier la mémoire sans la monumentaliser
Résumé
Les rapports entre l’architecture et la littérature sont multiples et complexes. Pour sortir de la traditionnelle comparaison entre objets architecturaux et littéraires, il importe d’analyser les interactions entre ces deux domaines. Architectes, historiens de l’architecture et spécialistes de la littérature se sont interrogés sur leurs interférences, au cours de la décade organisée au Centre culturel international de Cerisy-La-Salle en septembre 2009. L’histoire des XXe et XXIe siècles offre de nombreux exemples de l’utilisation de la littérature par les architectes dans l’ordre de la narration, de la fiction théorique, dans l’élaboration de leurs projets iconographiques et dans leur concrétisation. Le Corbusier, Guiseppe Terragni, Frank Lloyd Wright, Louis I. Kahn, Daniel Liebeskind, Frank Gehry, Peter Eisenman... permettent de croiser l’étude des différentes formes de l’expression de la pensée architecturale, la réflexion théorique sur les objets architecturaux et l’analyse de leur réception. La littérature ne convoque pas simplement l’architecture comme une analogie structurelle ou un motif. Les œuvres de Louis Aragon, André Gide, Michel Butor, Julien Gracq, Edmond Jabès, Georges Perec, Olivier Rolin, Benoît Duteurtre, Philippe Vasset... offrent l’occasion de s’interroger sur le sens de leurs rapports et sur les complémentarités entre l’écriture, l’architecture et l’espace. L’analyse des interactions entre la littérature et l’architecture dans la réflexion propre à chacune de ces disciplines, dans leurs pratiques, dans leurs discours renouvelle l’interrogation sur les fondements épistémologiques et esthétiques de leurs relations interdisciplinaires.