Le diable est-il français ? La chute de l'Empire, le 9 novembre, l'Armistice du 11 novembre 1918 et le traité de Versailles du 28 juin 1919 dans le discours de trois revues satiriques allemandes durant la République de Weimar
Abstract
En 1918-19, le sort de l'Allemagne bascule brutalement avec la proclamation de la République le 9 novembre, la signature de l'armistice deux jours plus tard et l'acceptation du traité de Versailles le 28 juin 1919. Les réactions des trois revues satiriques Der Wahre Jacob, organe social-démocrate, Simplicissimus, périodique n'adhérant à aucun parti, et Kladderadatsch, hebdomadaire de droite, rendent bien compte en 1918-19 des clivages naissants : Der Wahre Jacob, qui soutient la ligne social-démocrate, tente de minimiser la dureté des clauses du traité, appelant ses compatriotes à aller de l'avant grâce au nouveau gouvernement ; Simplicissimus, qui se réjouit de l'instauration du nouveau régime non sans critiquer ses travers, insiste dans documents iconographiques d'une grande force sur l'extrême brutalité des Alliés alors que Kladderadatsch ne cesse de tempêter contre ces derniers, notamment Clemenceau, et commence à s'en prendre aux gouvernants.
Ces positions initiales ne connaîtront finalement que des inflexions mineures durant une dizaine d'années. La revue de droite (voire d'extrême-droite) est de plus en plus soucieuse d'appeler le peuple allemand à se révolter ; elle invoque sans cesse le souvenir de Bismarck et tance avec une virulence accrue le nouveau gouvernement républicain. L'organe social-démocrate ne combat plus guère qu'un ennemi, celui de droite, et cherche en premier lieu à défendre et sauver la République, se moquant même parfois des craintes des Allemands devant les Alliés. La revue Simplicissimus quoique adhérant à la République dénonce également les clauses inacceptables du traité de Versailles, notamment celle de la seule responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre, sans faire preuve toutefois du même degré de haine que Kladderadatsch.