L’Orient « systématique et raisonné » : l’exemple du cabinet parisien de don Pedro Davila (1767)
Résumé
In the XVIIIth century, Chinese artefacts became more and more sought after in cabinets of curiosities. But what exactly is the status of these oriental objects ? Are they considered as exotica, or as works of art in their own rights ? To answer this question, this study aims at studying the rhetoric of inventories. It will study in particular the criteria used to include or classify them : are they defined on the basis of what they are made of, how well they are made, their economic value, or because they offer interesting points of comparison with similar objects in Europe ? The inventory made for the sale of of the Davila collection, published in Paris in 1767, will be used to analyze the status of Chinese objects for Enlightenment amateurs and curious. While remaining a source of pleasure and meditation, oriental artefacts are also ordered and classified according to rational categories, through the adaptation of a rhetorics of singularity. A reading of this catalogue will show how the previously dominant discourse of the marvellous gives rise to a more systematic, scholarly discourse.
Au XVIIIe siècle, les chinoiseries entrent de manière de plus en plus systématique dans les cabinets de curiosités. Il devient alors indispensable de penser leur statut, entre exotica et objets d’art. Cette étude vise à définir une poétique de l’inventaire en se demandant quelle place est offerte aux objets de Chine et quels critères sont retenus pour en rendre compte : matériau, savoir-faire, valeur marchande, comparatisme culturel ? Le catalogue de vente de la collection parisienne de don Pedro Davila, publié en 1767, sera ici pris comme point de référence et comme cas d’étude représentatif pour analyser la place de tels objets dans les représentations des curieux des Lumières. Tout en restant source de plaisir et de contemplation, l’Orient devient aussi objet d’un classement et d’un raisonnement, grâce à l’adaptation d’une rhétorique de la singularité. On constatera notamment que se met en place un discours savant qui systématise la culture de l’émerveillement des siècles antérieurs.