Les corps mesmériques à l’ère victorienne
Abstract
Le mesmérisme connut un succès fulgurant en Europe au XIXe siècle et particulièrement en Grande-Bretagne et en Irlande, des années 1830 à 1860. Phénomène à la fois médical et culturel (la littérature fantastique s’est emparée du sujet et on ne compte plus les spectacles de medium ou de somnambules), le mesmérisme est au cœur de vifs débats entre matérialistes, vitalistes et spiritualistes. Il met en question le lien entre corps et psychisme humain, annonçant les avancées à venir de la psychiatrie et l’avènement de la psychanalyse. L’étude des articles publiés à ce sujet dans le Dublin University Magazine dans les années 1840 et 1850, qui lient à l’occasion sorcellerie, mesmérisme, shamanisme, rites gaéliques et hystérie, montre bien la nécessité de replacer ce phénomène dans un contexte historique et politique précis, ici celui de l’Empire britannique. A la manière de ce que Bertrand Meheust a fait dans son ouvrage sur le voyant français Alexis Didier, cet article s’attache à montrer combien le rapport mesmérique implique un rapport de force inégal non seulement du point de vue psychique mais aussi du point de vue des positions sociales et culturelles dans lesquels les corps sont enserrés.