"Suicide is painless" : les usages iconoclastes de la religion dans "MASH", de Robert Altman (1970)
Abstract
"Suicide is painless": debunking religion in Robert's Altman's M.A.S.H. (USA, 1970). M.A.S.H. won the Palme d'Or in the 1970 Cannes film festival and made Robert Altman famous overnight. The film is a ferocious satirical piece on the US army, taking place in a Mobile Army Surgical Hospital located a few miles back from the combat zone during the Korean war ; it made people laugh unreservedly and opened with a song entitled "Suicide is painless". This song is heard again towards the middle of the film, in a 8 minute-long sequence which offers a jubilant caricature of the scene of the Last Supper, when Jesus talks to the apostles for the last time. This essay aims to show that beyond the graphic -and funny- criticism of religious rituals (mainly Catholic) linked to death and burial, the sequence questions the prohibition of suicide. In an era when an imperialistic country was sending a sizeable portion of its own youth to useless destruction, are the crass and sexist jokes of the MASH doctors more obscene than the thousands of deaths of the Vietnam war? The unexpected success of the film also addresses the complex issue of the reception of caricature is concerned, as Robert Altman himself made it clear.
M.A.S.H. obtint la Palme d'Or au festival de Cannes en 1970 et fit la notoriété de Robert Altman. Cette satire antimilitariste féroce retraçant la vie d'un hôpital de campagne militaire situé à quelques kilomètres du front de la guerre de Corée qui fit beaucoup rire à l'époque s'ouvrait sur une chanson vantant les mérites du suicide, intitulée " Suicide is painless ". Cette chanson est reprise in extenso dans une séquence de 8 minutes qui caricature de façon immédiatement repérable la Cène, où Jésus partage son dernier repas avec ses disciples. Cet article s'attache à montrer qu'au-delà de la critique à gros traits de rituels le plus souvent catholiques liés à la mort et aux enterrements, la séquence traite aussi du tabou chrétien du suicide. Dans le contexte politique d'une guerre impérialiste qui mène une partie importante de la jeunesse d'une nation à une mort inutile, l'obscénité est-elle plus du côté des blagues grossières et sexistes des chirurgiens de MASH ou des milliers de morts du Vietnam ? Le succès inattendu du film pose également la question de la complexité des conditions de réception inhérente à l'art de la caricature, comme le cinéaste lui même l'a souligné.