Du point de vue d’un musicien, deux anches identiques (même matériau, même coupe, même force et même marque) peuvent être perçues comme possédant des qualités musicales extrêmement différentes. Un sondage estime que seulement 30 % des anches vendues sont de bonne qualité, les autres étant médiocres (40 %) voire mauvaises (30 %). Les fabricants peinent à prédire ces écarts et expriment le besoin de mieux comprendre la façon dont les musiciens perçoivent les anches. En ce sens, plusieurs études perceptives ont été menées auprès de musiciens. Chaque étude implique différents instruments à anche simple, un nombre variable de musiciens et divers critères d’évaluation. La grande variété des protocoles ne permet pas de comparer les résultats obtenus pour parvenir à une conclusion convaincante. Un nouveau test perceptif portant sur la qualité globale d’anches de clarinette est alors proposé. Le but de ces tests est double. Le premier est de vérifier s’il est possible ou non de différencier de façon robuste des bonnes et des mauvaises anches. Le second est d’évaluer et de quantifier l’existence d’accords inter- et intra-musiciens. Pour cela, un clarinettiste expert classe de nombreuses anches identiques en trois catégories : anche de concert, anche de répétition et anche inutilisable. Sont ensuite choisies aléatoirement 10 anches de la catégorie ‘concert’ et 10 autres dans la catégorie ‘inutilisables’. Les 20 anches sélectionnées sont testées 4 fois par 10 autres clarinettistes. Les musiciens doivent classer ces 20 anches en trois catégories, les mêmes que celles proposées à l’expert. L’analyse statistique des résultats montre que l’entraînement et l’excellente maîtrise de l’instrument par les participants renforce la significativité de l’effet de l’anche. Même si les accords intra- et inter-musiciens observés sont faibles, les participants semblent s’accorder davantage sur la qualité des mauvaises que sur celle des bonnes anches.