La Bretagne à l’Académie française
Abstract
Cet article examine les tensions qui ont façonné les carrières de trois écrivains bretons – Charles Le Goffic, Anatole Le Braz et Auguste Dupouy – et qui ont acquis une certaine reconnaissance nationale de leur vivant tout en conservant leurs affiliations régionales. Si l'écriture « régionaliste » a été en vogue de 1890 au début des années 1940, une telle étiquette a pu être un handicap pour des auteurs recherchant une légitimité dans le champ littéraire. Contrairement aux auteurs les plus reconnus, bien établis à Paris, ces écrivains « polygraphes » ont publié des ouvrages dans une grande variété de genres, avec de multiples maisons d'édition dans la capitale comme en Bretagne. Tous trois ont vécu une sorte de double vie, oscillant entre des œuvres d'envergure universelle et celles qui mettent en avant la spécificité locale. Cette analyse offre un modèle fluide de l'activité littéraire qui remet en cause la rigidité de la dichotomie familière Paris/province, démontrant comment ces auteurs ont contribué à redéfinir les frontières de la vie littéraire nationale tout en affirmant leur identité régionale.