De la guerre des races à la race des guerriers. Nationalistes bretons et Bretons receltisés (1914-1944)
Abstract
En 1919 paraît une feuille baptisée Breiz Atao, « Bretagne toujours », organe de différents groupes successifs qui se donnent pour objectif de « travailler activement au relèvement de la Patrie bretonne ». Expression locale de ce que l’on a pu appeler des mouvements « non-conformistes », Breiz Atao regroupe de jeunes militants qui se disent « ni blancs ni rouges, Bretons seulement » et incarnent à leur manière un personnalisme breton cherchant sa voie en s'inspirant des expériences politiques du temps. À la manière des États européens qui tâchent de conjurer la défaite de 1918 ou leurs frustrations de sortie de guerre par la promotion d’un homme nouveau, ces nationalistes bretons cherchent à imposer au reste des Bretons leur idéal d’un « Breton total », d’un « Celte intégral ». Qu’avaient-ils à reprocher à leurs compatriotes pour vouloir les corriger ainsi ? Qu’avaient-ils eux-mêmes à se reprocher pour se vouloir autres que ce qu’ils étaient ? Les archives privées de quelques militants de premier plan, ainsi que leurs publications dans quelques revues, permettent de mettre en évidence leur confrontation à un déficit de guerre, qu’ils essayent de compenser par le modelage d’un Breton receltisé, résumé
à la figure du guerrier. […]