Charles de Gaulle (1837-1880) : inventeur du mouvement breton ? Une approche par sa correspondance avec Théodore Hersart de La Villemarqué (1861-1872)
Résumé
Au mois de décembre 1861, un jeune Parisien de 24 ans écrit à Théodore Hersart de La Villemarqué pour solliciter son aide et son avis. Avec ses parents et ses jeunes frères dont il a la charge, il souhaiterait quitter Paris, la pollution, la vie chère, pour venir habiter en Bretagne, un pays que, passionné d'études celtiques, il rêve de découvrir enfin après en avoir appris la langue. Ce correspondant n'est autre que Charles de Gaulle, l'oncle du Général. C'est le début d'une longue correspondance, la plupart du temps en breton, de celui qui prendra très vite l'habitude de signer Charlez a Vro C'hall. Dans ses lettres et ses écrits, ce fervent catholique exprime sa vision idéalisée de la Bretagne-où sa maladie ne lui permettra pas de se rendre-au sein du monde celtique. Ayant appris le breton et le gallois, il est une personnalité appréciée et sollicitée qui, dans sa chambre de la rue de Vaugirard, reçoit de nombreuses visites d'érudits français et étrangers avec lesquels il entretient une abondante correspondance. C'est de Paris que Charles de Gaulle essaie de créer une grande confédération bretonne et celtique qui tiendrait un grand congrès chaque année, à l'exemple de l'eisteddfod gallois. Plusieurs fois remis, un Congrès celtique international se tient enfin à Saint-Brieuc en 1867. Le projet n'aura pas de suite, pas plus que celui d'installer une colonie bretonne en Patagonie, à l'exemple de celle des Gallois. Dans ses lettres-et ses différents articles-Charles de Gaulle développe un véritable programme de défense de la Bretagne, de sa culture, de sa langue qu'on retrouvera reprises plus tard par le mouvement breton. On lui doit également en 1870, la première pétition en faveur des langues régionales coécrite avec Henri Gaidoz et le comte Henry de Charencey. Les lettres qui lui ont été adressées ne semblent malheureusement pas avoir été conservées à l'exemple de celles de La Villemarqué qui seraient pourtant du plus grand intérêt, car l'auteur du Barzaz-Breiz semble y livrer des confidences personnelles, sur la maladie de sa femme (qui fait écho à celle de Charles de Gaulle lui-même) et permettrait de mieux cerner la propre vision de La Villemarqué sur le futur de la Bretagne et de sa langue.
Les lettres et autres documents originaux utilisés pour le présent article se trouvent dans le fonds d'archives La Villemarqué (Archives Départementales du Finistère, 263J) et sont visualisables sur la collection « Fonds La Villemarqué » de la Bibliothèque Numérique du Centre de Recherche Bretonne et Celtique : bibnumcrbc.humanum.fr. Ils ont fait l'objet d'une transcription et d'une traduction française qui figurent à la suite de la présentation. Les auteurs remercient les personnes qui leur transmettront toute remarque permettant d'améliorer cette transcription et cette traduction. Ils remercient par ailleurs chaleureusement Mary-Ann Constantine pour son aide apportée pour la traduction des passages en gallois.
Mots clés
Association bretonne
Breuriez Breiz
Revue Celtique
Congrès interceltique
Interceltisme
Colonie
Patagonie
Mouvement breton
Planification
Henri Gaidoz
Henri Martin
Thomas Cadivor Wood
Thomas James Llallwg
Julien-Philippe de Gaulle
Joséphine de Gaulle
Charles de Gaulle
Théodore Hersart de La Villemarqué
Bretagne
XIXe siècle
Correspondance
Celtisme
Panceltisme
Religion
Purisme linguistique
Histoire littéraire
Romantisme
Bretonisme
Barzaz-Breiz
Contes des anciens Bretons
Catholicon
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