Le chant « Troad an eginane / La Tournée de l’Aguilanneuf ». De l’oral populaire des carnets manuscrits à l’écrit élaboré du Barzaz-Breiz
Abstract
Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) est le premier à recueillir (vers 1840) et à publier (1867) le chant de quête de l’« eginane » (« étrennes »). Considéré par les contradicteurs de l’auteur du Barzaz-Breiz, comme forgé par ses soins, il figure pourtant dans le second carnet manuscrit de collecte. La Villemarqué y a consigné 250 vers en deux variantes notées à Spézet et à Cléden-Poher. Au moment d’intégrer le chant dans l’édition de 1867 de son Barzaz-Breiz, il a compilé les deux versions, réagencé l’ordre des couplets et n’a pas repris les vers les plus crus. Il applique des principes d’édition, nécessaires selon lui, pour passer des matériaux bruts de la tradition populaire orale à l’écrit d’un ouvrage de poésies. Étudiant par ailleurs l’origine du mot « eginane », La Villemarqué est l’un des rares à l’époque à réfuter l’interprétation par le druidique « au gui l’an neuf ». Il a sans doute vu juste en proposant d’y voir un terme reposant sur un mot celtique « egin », « pointe », « germe » et, par extension, « étrennes » que l’on retrouve sur toute la façade atlantique de l’Europe. Son hypothèse qui obtient l’assentiment de Jacob Grimm est également celle avancée en 1986 dans un article consacré aux quêtes de l’eginane, coécrit avec l’ethnologue Donatien Laurent, disparu en mars 2020, dont on trouvera, en annexe, les transcriptions et traductions des différentes versions. Les documents ayant trait au chant de l’eginane, dont les versions manuscrites présentes dans le second carnet de collecte, se trouvent dans le fonds d’archives La Villemarqué, conservé aux Archives départementales à Quimper (fonds 263 J) et sont visualisables sur la collection "Fonds La Villemarqué" de la Bibliothèque Numérique du Centre de Recherche Bretonne et Celtique : bibnumcrbc.huma-num.fr
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