Ce texte porte sur les mouvements de jeunesse d’une région située au carrefour de la France et de l’Allemagne, l’Alsace. Il s’intéresse plus particulièrement à la manière dont la question de la nation s’est échafaudée à l’intérieur de ces groupements, durant la première moitié du vingtième siècle. Nous faisons l’hypothèse que ces structures socio-éducatives, lieux de formation à l’autonomie et à la responsabilité, fonctionnent sur le principe d’un engagement de nature civique de la part des jeunes qui y adhèrent et qu’en ce sens, ils se font les vecteurs, dans l’Alsace de l’après-Première Guerre mondiale, d’une réintégration de cette région dans la France, qui ne peut toutefois s’envisager sans le respect des particularités sociales et culturelles locales. En d’autres termes, la configuration socio-politique locale semble bien peser ici, en matière d’orientation militante de ces mouvements, davantage que les lignes idéologiques de chacun d’entre eux.