Un « lieu de mémoire breton » : les fragments du Songe du viel pelerin de Philippe de Mézières
Résumé
Au terme de ce qui a pu ressembler par moment à une enquête policière, nous présentons un témoin fragmentaire d’une histoire troublée et en partie hypothétique. Le Songe du viel pelerin a orné une bibliothèque bretonne médiévale et/ou moderne, peut-être celle du connétable Arthur de Richemont, duc de Bretagne sous le nom d’Arthur III (1457-1458). Le volume est ensuite passé dans une bibliothèque aristocratique ou religieuse, par don, par héritage ou autrement. Il a été saisi à la Révolution, en conformité avec les ordonnances de l’époque sur les archives mais il a échappé au feu et au triste sort des gargousses d’artillerie. Démembré, il a servi à relier les « grosses » anciennes des paroisses du diocèse de Nantes avant que leurs reliures soient démontées et les fragments précieusement déposés dans des fonds d’archives. Le nombre assez important de fragments et leur assez bon état de conservation a permis de les identifier et indique même que l’on peut espérer en trouver d’autres. Même si cette étude n’apporte pas de nouveautés sur le grand œuvre de Philippe de Mézières, elle a le mérite de sortir de l’oubli les débris d’un manuscrit qui révèlent l’histoire de Bretagne du XVe siècle à nos jours, contribuant à transformer le Songe du viel pelerin en « lieu de mémoire » de la Bretagne pour reprendre une terminologie chère aux historiens contemporanéistes.