1917-2017, l'heure américaine, leurre brestois?
Abstract
Si en mai 2016 la Société des membres de la Légion d’Honneur du Finistère nord a proposé au Centre de recherche bretonne et celtique de co-organiser une journée d’étude sur l’impact culturel de la présence américaine à Brest à la fin de la Grande Guerre, c’est parce qu’il ne semblait pas alors que grand-chose fût prévu pour évoquer cette période. Six mois plus tard, on ne comptait plus les initiatives populaires décidées à s’emparer d’un passé dont peu de gens avaient parlé jusque-là. De fait, à Brest, l’année du centenaire de l’entrée en guerre des États-Unis a été riche en publications, expositions, spectacles, concerts, animations scolaires, émissions de radio, reportages télévisuels, installations diverses où les Brestois eux-mêmes ont raconté avec sincérité et engagement mille et un fragments d’une existence partagée, de vies éparpillées. S’agissait-il d’un besoin d’histoire, récurrent dans une ville en délicatesse avec son passé ? S’agissait-il d’exister enfin dans ce centenaire de la Grande Guerre, autrement que dans l’évocation de la correspondance des poilus avec un arrière si éloigné de la zone des combats qu’on en oubliait presque que cet arrière fut un front domestique ? S’agissait-il, donc, d’avoir sa part de guerre, pour tenter d’apprivoiser la catastrophe, si loin, si proche, et conjurer l’incapacité de la comprendre ? Il fallait voir la guerre, l’entendre ici. On n’a pas été déçu.