Jeux de parole. Le grommelot et la glossolalie ludique, deux plaisanteries linguistiques.
Abstract
Le jeu de mots, par définition, accomplit des opérations ludiques sur certains éléments de langue. Cependant, il existe des langages oraux qui, tout en n’étant pas composés de mots, jouent sur le signifiant vocal et plus précisément sur son tissu sonore. Le grommelot, par exemple, est un langage théâtral composé par des borborygmes. Il combine de façon désordonnée les phonèmes de la langue qu’il imite, ne suivant pas les règles lexicales qui ordonnent la formation de mots. Cela produit un tissu sonore continu et confus, qui mime la sonorité d’une langue. Cet artifice, utilisé dans quelques passages drôles de comédies de tous les temps, relève de l’improvisation et constitue une technique du jeu de l’acteur. La glossolalie ludique, en revanche, tire son origine du même obstacle expressif qui motive les glossolalies religieuses : l’impossibilité pour la langue d’exprimer toutes sortes d’expériences humaines. La structure du langage n’est pas homogène à la structure de la pensée et cet écart, tout en produisant une frustration initiale, admet constamment la possibilité d’une marge d’innovation expressive. Quelques mouvements artistiques du XXe siècle se sont emparés de cette insuffisance linguistique. Parmi eux : les Dadaïstes, les Surréalistes, les Lettristes. Leurs diverses créations vocales sont soumises à des contraintes variées, fixées avant l’énonciation.
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