Le « Romand » de l'imposture
Résumé
L’imposture n’est pas entité clinique homogène. Et les cas de grands imposteurs, pour lesquels des données psychopathologiques fiables purent être collectées en nombre important, sont rares, particulièrement dans la littérature analytique. Ce qui rend d’autant plus précieux à étudier le « cas » de Jean-Claude Romand, ce médecin et chercheur de haut niveau qui, après avoir tué sa femme, ses deux enfants, ses parents et leur chienne, et avoir tenté de mettre fin à ses jours, se révéla n’être rien de ce que son personnage social affichait.
Comment une telle imposture, étalée sur plus de dix-sept ans, put-elle s’accomplir ? Mais, surtout, pourquoi cet homme la construisit-il ? Quels mécanismes psychiques furent-ils là mobilisés ? Et à quelle position subjective peut-elle bien correspondre ?
Les réponses que nous proposons à ces questions font de ce type d’imposture une forme de « psychose ordinaire », où c’est le jeu des « identifications imaginaires » qui fait fonction de « suppléance » — toutes notions que nous déplions et développons ici, puisque l’occasion nous en est fournie.