Cet article retrace les relations complexes, parfois conflictuelles, qu’ont entretenues les deux grands collecteurs bretons de poésies populaires que sont Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) et François-Marie Luzel (1821-1895). Ce dernier apparaît, avec René-François Le Men, comme l’un des principaux opposants à La Villemarqué dans la vive « querelle du Barzaz-Breiz » qui éclate publiquement en octobre 1867 et, en 1868, le premier volume de son recueil des Gwerziou Breiz-Izel est considéré comme un véritable « anti Barzaz-Breiz ». L’article est suivi de la transcription de la correspondance échangée entre La Villemarqué et Luzel qui débute en 1861 et s’achève en 1894. Elle nous est connue par dix-sept lettres présentes dans le fonds d’archives La Villemarqué (Archives départementales du Finistère à Quimper fonds 263J). Nous ignorons la teneur et le contenu des lettres adressées par La Villemarqué à Luzel, à l’exception de trois brouillons, dont nous ne savons si les lettres ont été réellement expédiées, et de rares passages connus par diverses sources. L’ensemble, éclairé par d’autres documents, des correspondances notamment, est d’un grand intérêt pour comprendre les tenants et les aboutissants du débat, parfois virulent, qui, à partir du milieu des années 1860, accompagne la difficile reconnaissance de la littérature orale comme discipline scientifique.