La pression économique attisée par la mondialisation pousse les entreprises à la course aux produits innovants. L'innovation technologique s’oriente vers l’introduction de nouveaux produits qui contiennent une partie immatérielle grandissante à cause des délais rapides de retour sur investissement imposés par les investisseurs et d'effets d'échelle. Dans le domaine de l'immatériel de nature informatique deux catégories d'organisations humaines arrivent à soutenir une telle course à l'innovation, d'une part les entreprises internationales géantes, d'autre part les groupes de créateurs libres en réseau qui communiquent et informent via les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Or la différence de nature entre la créativité et l'innovation peut déboucher sur une opposition d'intérêt entre les créateurs et les entreprises innovantes. Un duel entre ces deux modèles d'organisation a déjà commencé, les grandes entreprises exercent des pressions sur les parlementaires pour qu'ils légifèrent en faveur de leurs intérêts, elles poursuivent en justice certains usages innovants des nouvelles technologies. Les usagers créatifs réagissent en inventant des solutions de contournement toujours plus perfectionnées et en formant des associations de défense. Pourtant le maintien de la diversité et de la créativité libre serait dans l'intérêt des uns, des autres, et de la société dans sa totalité, car si l'on prend en considération l'effet longue traîne il est plausible que l'importance économique globale des produits conçus par des créateurs libres, qui ne se soucient pas d'innovation au sens industriel, soit plus grande que celle des produits innovants produits par les oligopoles qui dominent les marchés. La discussion se termine sur des propositions d’aménagement d’espaces légaux et aussi d’échange pour les créateurs isolés ou en réseau qui permettraient des relations directes entre créateurs et utilisateurs ou des relations économiques par l’intermédiaire d’entreprises innovantes.