L’histoire locale des structures de formation et de recherche en sciences du sport, dont les contours régionaux paraissent pourtant souvent éminemment singuliers, est à faire. On ne peut que noter l’absence relative de monographies sur le sujet, hors quelques travaux (Rudolphe, Morales). Dans le cas rennais, le terrain n’est pas vierge puisqu’Yvon Léziart s’était efforcé de rassembler des sources internes pour proposer une histoire de l’UFRAPS de Rennes depuis sa création en 1971 (1994). Nous nous proposons ici d’esquisser une histoire des formations universitaires aux métiers de l’éducation physique et du sport à l’échelle de la Bretagne depuis le milieu des années 1960, avec la volonté, sur le temps long, de montrer comment ces formations se sont implantées et petit à petit diversifiées et singularisées, sur fond de concurrences territoriales et d’enjeux d’acteurs. Notre contribution vise à comprendre la complexité, à l’échelle d’une région, de la structuration de ces instances, depuis 1965 avec la re-construction de l’IREP de Rennes, jusqu’à la création du département Sport et Education physique de l’Ecole Normale Supérieure sur le campus de Ker Lann à Bruz au début des années 2000. Nous serons ainsi également amenés à aborder l’histoire de l’Unité d’Enseignement et de Recherche EPS puis de l’UFRAPS de Rennes, mais aussi de son antenne de Saint-Brieuc, ainsi que celle du département STAPS de Brest, créé en 1996 sur fond de volonté d’équilibrage territorial, et devenu en 2001 UFR Sport et Education physique. La Bretagne se caractérise aujourd’hui par une offre universitaire de formation et de recherche sur le sport et l’éducation physique en Bretagne désormais multi-sites, ce qui n’est pas si courant en France dans le schéma actuel des académies. Nous questionnerons ainsi la singularité des enjeux politiques et des logiques d’acteurs qui ont présidé à cette diversification progressive. Entre facteurs déclencheurs externes et velléités internes parfois contradictoires, la construction d’un espace régional de formation et de recherche aux sciences du sport et de l’éducation physique bi- voire tripolaire (Brest-Rennes-Bruz) s’impose en effet à partir du milieu des années 1990 comme une nécessité conflictuelle, dont les tensions sont révélées dans les stratégies institutionnelles et d’acteurs.