La ville et le sport : autour du Projet sportif territorial de Brest
Abstract
A partir de 2010, la Direction Sport et Nautisme de la ville de Brest a mis en place une démarche de diagnostic de l’offre sportive présente sur son territoire et des usages et attentes des populations locales. Elle a construit pour cela plusieurs enquêtes quantitatives, s’est emparée de certains outils issus du marketing social et a mis en place un dispositif participatif. Elle cherchait ainsi à se donner les moyens de construire une nouvelle politique sportive territoriale, formalisée par l’élaboration d’un « Projet Sportif Territorial », effectivement mis en place depuis 2013. Si le mariage entre collectivités territoriales et marketing constitue aujourd’hui un « mariage d’exception » (Alexandre-Bourhis, Rouvrais-Charron, 2005), la mise en place d’un tel processus, arqué sur les principes de la démocratie participative, apparaît surtout comme une occasion politique de « mettre en scène la parole des habitants » et, in fine, une « instrumentalisation des processus de prise de décision », comme Valérie Morales et William Gasparini le montrent pour le cas strasbourgeois (2014). Notre contribution entend discuter des modalités et de la réalité de cette « instrumentalisation » dans le cas particulier brestois. Nous nous appuyons ici sur des entretiens semi-directifs menés avec des responsables associatifs, des élus mais aussi le personnel de la Direction des Sports et du Nautisme, de même que sur un recensement qualitatif des évolutions constatées en matière de politique et d’offre sportive municipale depuis 2013. En analysant ainsi les conséquences, au niveau de la municipalité, du mouvement sportif et des habitants, de la mise en place d’une telle démarche dans une ville comme Brest, nous serons ainsi amenés à conforter la posture défendue par Valérie Morales et William Gasparini, mais également à la nuancer : indéniablement investie d’enjeux politiques, l’élaboration d’un Projet sportif territorial n’en a pas pour autant à moyen terme des effets réels, parfois non attendus, sur les usages sportifs repérables dans la commune. En ce sens, l’inscription de la ville de Brest dans une démarche voulue rationalisée et participative de développement sportif apparaît comme un processus ambivalent mais néanmoins structurant pour un territoire.