Les Jeux nautiques Atlantiques (ex-Jeux nautiques interceltiques) rassemblent des sportifs issus des régions et pays celtiques de la zone Atlantique. Chaque été, 300 à 800 compétiteurs des catégories jeunes venus d’Écosse, d’Irlande, du Pays de Galles, de Cornouailles, de Bretagne, des Asturies, de Cantabrie ou de Galice, mais aussi de plusieurs régions invitées (Norte Portugal, Normandie, Pays basque par exemple), s’affrontent dans différents sports nautiques (voile, surf, kayak, aviron, etc.). Malgré son succès et son développement continu, cet évènement, pérenne depuis 1995, demeure peu connu du grand public, et même du milieu sportif. C’est ce paradoxe que nous souhaitons questionner dans cette contribution. Nous faisons en effet l’hypothèse que les Jeux nautiques atlantiques promeuvent un modèle de compétition qui interroge, voire déstabilise, le mouvement sportif. Mêlant finement pratique sportive et culture, cultivant à plein l’idée d’une « maritimité » (Péron, 1996) permettant des formes originales d’hybridation sportive, et soucieuses de valoriser les territoires régionaux, ces rencontres revendiquent d’être des lieux d’expérimentation et d’innovation pour le milieu sportif. À partir de l’analyse des archives du comité d’organisation de ces Jeux, ainsi que d’entretiens menés lors des Jeux de 2011 et 2012 avec des dirigeants et des sportifs qui y ont participé, nous chercherons à montrer que les Jeux nautiques atlantiques sont en fait un terrain particulièrement éclairant pour interroger le modèle sportif contemporain et ses standards. Nous tenterons de comprendre comment, en construisant un modèle alternatif de rencontre sportive, les organisateurs de l’évènement en arrivent petit à petit à une forme de reconnaissance de la part du milieu fédéral traditionnel. Dans une certaine mesure, les Jeux nautiques atlantiques, situés au carrefour d’enjeux sportif, culturels et politiques, diffusent des modalités de fonctionnement et véhiculent des valeurs qui interpellent parce qu’elles redonnent aux évènements sportifs un sens pour les populations.