La formation des enseignants d’Education physique en France et l’éducation des corps - XXe siècle
Résumé
Depuis la fin du XIXe siècle, l’éducation des corps se conçoit en Europe de plus en plus comme une prérogative qui relève de l’état. Du Turnen allemand à la gymnastique suédoise, les états-nations font de la question de la gestion et de la préparation des corps un objet politique majeur. En France, la formation des enseignants de gymnastique et d’éducation physique commence à être organisée en 1869, date de la création du Certificat d’aptitude à l’enseignement de la gymnastique. A partir de cette date, cette formation se structure lentement en un réseau complexe autour de centres régionaux et nationaux de formation aux prérogatives diverses, dont les finalités (militaire, hygiénique, éducative) s’entrechoquent souvent et qui reposent sur des perceptions variées du statut et de l’importance de la formation du corps dans l’éducation. Aujourd’hui, la position des enseignants d’Education Physique qui travaillent dans le cadre de l’Education nationale n’est pas, par exemple, celle des professeurs de sport, qui dépendent pour le Ministère des Sports. Cette dualité résulte d’un long et complexe chassé-croisé des prérogatives, des publics mais aussi des formations. Plus encore, la logique de construction des centres de formation reste fortement empreinte d’enjeux locaux qui, bien souvent, s’adjoignent de façon subtile avec des forces nationales pour répondre à une double logique (locale et nationale). Nous montrerons donc comment l’implication variable de l’État dans les politiques de formations des professeurs d’EPS et de sport donne à voir une cartographie apparemment unifiée, pourtant également empreintes de logiques locales, mais s’appuyant sur des arguments affutés nationalement selon un « conflit nécessaire ». C’est au final une réelle singularité française en matière de formation au métier d’enseignant d’Education physique que nous serons amenés à mettre en avant.