Sport et réformes scolaires depuis 1989 : controverses et innovations
Abstract
Le potentiel éducatif du sport n’est guère remis en question dans l’univers scolaire. Pour autant, on observe une relative absence du sport et de l’éducation physique dans les grandes réformes scolaires (Prost, 2013) depuis la fin des années 1980, bien que l’importance d’une éducation corporelle profondément imbriquée avec l’éducation intellectuelle et morale demeure sous-jacente à chacune d’elles. Notre objectif est ainsi d’identifier la manière dont l’éducation corporelle s’immisce dans ces réformes scolaires. Nous faisons ici le postulat que ces réformes, qui laissent toutes potentiellement une place à cette éducation du corps, ont joué le rôle de rampes de lancement pour l’Éducation physique. Dans ce contexte, les acteurs de l’EPS paraissent avoir la possibilité d’innover pédagogiquement, didactiquement ou conceptuellement. Ce processus d’innovation, de fait, ne va pas sans controverses intenses. Mais loin de constituer un frein à l’évolution de la discipline, nous montrerons que ces débats permettent surtout à celle-ci de se structurer. Plutôt que de chercher chronologiquement à comprendre comment les réformes scolaires ont pu impacter l’EPS, entreprise vouée à décrire des mesures non nécessairement cohérentes et plus ou moins suivies d’effets, nous proposons ici de prendre pour point de départ de notre réflexion trois tendances profondes des réformes scolaires depuis la fin des années 1980 à partir et au sein desquelles les acteurs de l’EPS ont cherché à construire une singularité.