Les riches maisons paysannes du Léon au 17e et 18e siècles, ou les palais des rois-paysans
Abstract
Une confrontation entre les vestiges actuels de l'habitat paysan ancien et les archives permet de définir le concept de maison-miroir dont la fonction est de rendre présentable une vérité trop crue, dans une société où le moi se construit sous le regard des autres. Ce sont des Juloded des XVIIe et XVIIIe siècles qui font construire ces maisons dont les caractères architecturaux et la gestion de l'espace témoignent d'une volonté d'imiter la noblesse, modèle jugé prestigieux. Dans une société cloisonnée, l'ascension du rez-de-chaussée paysan vers l'étage « noble » correspond à l'éclatement d'une situation bouchée. Cette matérialisation de la hiérarchie sociale se double d'une dimension sacrée : de la Terre vers les Cieux. Le Julod est alors le roi-paysan d'un monde qu'il se crée. Les années 1740 marquent un tournant dans l'existence de ce monde précaire. Une conjoncture économique favorable provoque des modifications du bâti et le lent déclin des royaumes paysans fondés sur un équilibre entre le réel et l'imaginaire. On assiste alors à la naissance du mythe des Judoded.