Spectres de Mars. Le mouvement breton et ses fantômes au XXe siècle
Abstract
De 1919 à 1939, la revue nationaliste bretonne Breiz Atao a été hantée par les spectres des soldats bretons tombés dans les combats de la Grande Guerre. 240 000 cadavres qui signifient surtout la francisation des Bretons, synonyme de dégénérescence aux yeux des militants, et une dette de sang impossible à assumer. Dès lors, il s'agit d'exorciser la Bretagne en créant un Breton nouveau, racialement purifié. Un guerrier que quelques-uns prétendent incarner dans des groupements paramilitaires alliés aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais à la place d'un exorcisme s'est opéré un transfert et ces activistes sont eux-mêmes devenus des fantômes. Ces derniers viennent aujourd'hui rappeler à un mouvement depuis passé à gauche la captation de l'héritage qu'ils lui ont légué, et l'obligation de devoir l'assumer.