Réouverture des hostilités : le discours des poètes bretons engagés dans les années 70
Abstract
Le contexte d’émancipation sociale d’après mai 68 et celui de la guerre d’Algérie nourrissent au sein du mouvement breton – autrement dit l’ensemble des personnes revendiquant leur intérêt pour la Bretagne et la langue bretonne – une polémique ou plus précisément une affirmation sous forme de déclaration de guerre : la Bretagne est une colonie, le peuple breton est donc colonisé et à émanciper. C’est notamment dans la poésie engagée que se redessine le contour de certains mots et que se redéfinissent des contenus et des concepts. L’analyse des œuvres en breton et en français de poètes de cette période permet de comprendre autour de quels mots se cristallise ce discours d’hostilité. Cette posture est adoptée, entre autres, par Yann-Ber Piriou, Erwan Evenou, Anjela Duval, Stén Kidna pour l’expression de langue bretonne, Paol Keineg, Gilles Servat, Alan Stivell et Glenmor pour des textes en breton et en français, et Xavier Grall et Yvon Le Men pour la poésie en français. Comment et pourquoi un discours de guerre renaît à cette période au travers d’une poésie bretonne engagée ? Et de quoi cette violence est-elle le signe ?