Les universités du Saint-Empire à l’époque moderne : problématiques, concepts, tendances historiographiques
Abstract
Cet article rappelle d’abord un certain nombre de caractéristiques du système universitaire allemand à l’époque moderne. Il connaît une croissance sans égale dans la période, du fait de la rivalité des principautés redoublée des divisions confessionnelles, mais aussi par contrecoup une réduction drastique au moment de la dissolution du Saint-Empire. La suprématie des universités protestantes, qui dessinent certaines évolutions qui conduiront à l’université moderne, est une autre caractéristique. L’article aborde ensuite les conditions de production de la recherche sur l’histoire de l’université, et sa structuration, marquées par « l’industrie » du jubilé, la partition de l’Allemagne après-guerre, mais aussi certaines sociétés savantes et séries de publications. Puis la production scientifique est présentée dans ses thématiques regroupées autour de trois domaines. Le premier objet d’étude est le développement des organismes universitaires dans le complexe des différents pouvoirs et forces sociales (l’État, la ville, l’Église), ceci dans la perspective des progrès de la principauté territoriale et de l’Etat moderne, et dans le cadre de la confessionnalisation. Le second est celui de la dimension sociale de l’université et de ses rapports avec la société, notamment le phénomène d’université familiale, voire de « familiarisation » (Familiarisierung) de la société universitaire, mais aussi tout ce qui concerne les étudiants : matricules, origines géographiques et sociales, migrations, fréquentation nobiliaire. Le troisième celui de l’innovation scientifique et institutionnelle, porteuse in fine d’un nouveau type d’université, dont la fondation de l’université de Berlin par Wilhelm Humboldt en 1810 est l’aboutissement. Une dernière partie rend compte des dernières tendances de l’historiographie qui tournent, grâce à un renouvellement des sources employées, autour des pratiques, concrètes et symboliques, et des représentations.