Les chanoines réguliers en Bretagne - Université de Bretagne Occidentale
Conference Papers Year : 2014

Les chanoines réguliers en Bretagne

Abstract

Si l’installation des cisterciens et des mendiants en Bretagne a fait l’objet de travaux importants , ce n’est pas le cas des chanoines réguliers. Leur présence dans cette région est pourtant significative : en l’espace de 60 ans - 1130 pour Sainte-Croix de Guingamp jusqu’à 1202 pour Beauport -, 9 établissements ont été fondés : Guingamp, Geneston, Saint-Jacques de Montfort, Rillé, Saint-Jean des Prés, Daoulas, Notre-Dame de Beaulieu, Notre-Dame de Pornic et Beauport. Toutes ces fondations n’ont pas conservé, loin de là, un fond d’archives aussi important que cette dernière, mais la collecte des quelques originaux et surtout les copies réalisées aux XVIIe et XIXe siècle, insérées dans plusieurs recueils permettent de proposer une étude d’ensemble de ces communautés qui s’inscrivent au sein d’un courant réformateur commun encouragé par l’épiscopat, tout en suivant des modalités d’installation propres favorisées par la concurrence auxquelles se livrent les grandes maisons canoniales dont elles relèvent : Saint-Victor, Arrouaise, Prémontrée… Le choix de cette échelle fournit des possibilités de comparaison avec d’autres régions comme la Normandie ou le Limousin tout en apportant un certain nombre de réponse à des interrogations concernant : les motivations des fondateurs, les appuis dont ces chanoines ont pu bénéficier notamment de la part des évêques et sur la manière dont ils ont pu s’ insérer dans les réseaux d’amitié dessinés par les familles aristocratiques en faveur des communautés déjà installées comme les cisterciens notamment. Si les monastères bénédictins avaient été fondés pour la plupart par la famille ducale, ce n’est pas le cas des abbayes de chanoines réguliers, envisagées dès le début comme des établissements plus modestes reposant sur la générosité des lignées aristocratiques plus locales (les Penthièvres pour sainte-Croix de Guingamp et Beauport, les seigneurs de Fougères pour Rillé, ceux de Dinan pour Beaulieu…). Le choix de faire appel à eux plutôt qu’à d’autres ordres très populaires aussi à l’époque comme les Fontevristes, tout comme la nature des biens cédés ou le choix de leur localisation, dans les faubourgs ou à proximité des petites cités révèlent les attentes des châtelains : fonder des communautés réformées attachées à une observance stricte garantie notamment par le rattachement aux grands établissements (Prémontré, Arrouaise, Saint Victor), assurer bien sûr la perpétuation de la mémoire familiale facilitée par la rédaction de plusieurs nécrologes (Rillé, Beaulieu, Montfort), tout en prenant en charge l’encadrement pastoral des populations. Si les lignées seigneuriales sont à l’origine de ces maisons, leur essor repose en grande partie sur l’appui de la papauté et des évêques comme celui de Saint Malo, Jean de Châtillon, qui ont vu en eux des instruments très efficaces pour lutter contre les troubles hérétiques et qui ont accru leur privilège et leur fonction, en particulier concernant la cura animarum. L’essor de ces maisons implique aussi de s’interroger sur la manière dont ces établissements ont pu ou non s’insérer dans les réseaux d’amitiés et dans les alliances politiques locales pour acquérir et défendre leurs temporels par rapport à des établissements plus vénérables et riches comme Saint- Melaine de Rennes ou Marmoutier qui bénéficiaient d’une grande influence en Bretagne et détenaient de nombreux prieurés.

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Dates and versions

hal-01163164 , version 1 (12-06-2015)

Identifiers

  • HAL Id : hal-01163164 , version 1

Cite

Cédric Jeanneau. Les chanoines réguliers en Bretagne. Colloque Cistercians and Canon Regular in Medieval Brittany, Normandy, England and Wales, Université de Toronto, May 2014, Toronto, États-Unis. ⟨hal-01163164⟩
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