Tiempo vivido, tiempo percibido, tiempo fabricado : El tiempo y sus articulaciones en las sociedades del Oeste de Francia, desde el siglo XI hasta el siglo XIV
Abstract
Marc Bloch, à son époque, avait conclu que les hommes du Moyen Âge, finalement, manifestaient une « vaste indifférence au temps ». Il en tenait pour preuve les confusions fréquentes perpétuées par les chroniqueurs et l’emploi dans leurs écrits d’expressions temporelles vagues, alors que le lecteur d’aujourd’hui est à la recherche de références chronologiques précises.
Cette idée toutefois d’une insensibilité des individus au temps repose pour l’essentiel sur une incompréhension des historiens des XIXe et XXe siècles ; le temps au Moyen Âge, en effet, n’est pas une notion ignorée et les traces sont multiples (travaux des mois sculptés sur le tympan des églises, comput étudié dans le trivium, calendrier liturgique …).
Pour les hommes des XIe et XIIe siècles, le temps s’avère une notion complexe. L’espace-temps, c’est d’abord celui du message chrétien qui débute avec la création d’Adam et se termine avec le Jugement Dernier avec comme point central l’Incarnation du Christ, une trame à l’intérieur de laquelle se fixent d’autres parcours temporels pluriels, imaginés, construits, élaborés par les différentes catégories de la société : temps des moines scandé par le calendrier liturgique et ancré sur la fondation des lieux de prière, temps des communautés paysannes reposant sur la tradition et les coutumes qui garantissent leur manière de vivre et leurs privilèges, temps des aristocrates qui relie les lignées contemporaines aux ancêtres, trois espaces-temps aux articulations complexes qui s’appuient sur une périodisation et des moments distincts. L’affirmation des comportements lignagers et la réforme grégorienne font de la maîtrise de cette chronologie et de la relecture du passé un élément central de légitimation des pouvoirs et aussi une source de tensions entre les ordres qui composent la société