Un nouveau regard sur le marais poitevin au moyen âge : Pierre de Maillezais et Pierre Bersuire
Abstract
Il ne faut pas imaginer les premiers écrivains "naturalistes" de Vendée, comme de véritables scientifiques tels qu'on peut se les représenter aujourd'hui, dotés d'outils performants et de méthodes rigoureuses. Cela ne les a pas empêchés, dès le IXe siècle, de s'intéresser aux mystères de la nature, de la météorologie jusqu'aux oiseaux et aux plantes, accordant une large place, à tous les éléments extraordinaires, - éclipses, tremblements de terre, phénomènes surnaturels - qui ont tous fait l'objet d'interprétations théologiques et moralisatrices développées.
Le littoral bas-vendéen et le milieu lacustre de l'ancien golfe des Pictons ont séduit et intrigué tour à tour Adalard de Corbie exilé temporairement à Noirmoutier vers 814 et Pierre de Maillezais, moine de la célèbre abbaye du même nom, au début du XIe siècle qui ont glissé dans leurs travaux théologiques et leur chronique quelques allusions à cet environnement si particulier. Trois siècles plus tard, Pierre de Bersuire, originaire de ce même espace, entreprend la rédaction d'une vaste Encyclopédie Moralisée, en plusieurs livres - Le Repertorium Morale et le Reductorium dans lesquels, à côté des définitions recopiées sur les traités des grands savants de l'antiquité tel Aristote ou Pline ou du haut moyen âge comme Isidore de Séville, il livre des commentaires tirés de ses observations personnelles qu'il a pu mener sur les oiseaux des marais ou sur les crustacés de l'estran.