D’Arenas à Estévez : filiation politique, philosophique et littéraire
Abstract
From Arenas to Estévez : Political, philosophical and literary kinship
Beyond their obvious differences, an almost spiritual kinship links the worlds of Abilio Estévez and Reinaldo Arenas, the « bad boy » of Cuban literature. Heirs to Gombrowicz and Piñera, Arenas and Estévez oppose their ideal of immaturity and nomadism and their dreams of building castles in the air to the revolutionary dullness and constraints. Those virtuoso authors share a common perception of the Cuban identity as being over-determined by national History and by a grandiloquent and fake dramatization of the Revolution. In the context of a phony official discourse, Arenas and Estévez claim the right to contemplate « auratic » works and the power of simulacrum as a definition of modernity.
On ne peut qu’être frappé – au-delà des différences apparentes – par la proximité quasi animique entre l’univers d’Abilio Estévez et celui de Reinaldo Arenas, l’enfant terrible des lettres cubaines. Héritiers de Gombrowicz et de Piñera, Arenas et Estévez opposent leur idéal d’immaturité et de nomadisme et leurs rêves de châteaux en Espagne au paramétrage et à la grisaille révolutionnaires. Les deux auteurs virtuoses se rejoignent tout particulièrement dans la perception d’une identité cubaine surdéterminée par l’Histoire nationale et par une mise en scène grandiloquente et falsifiée de la Révolution. Face au caractère factice du discours officiel et aux interdits du réalisme socialiste, Arenas et Estévez revendiquent la contemplation des œuvres « auratiques » et la puissance du simulacre comme définition de la modernité.