La voix du corps dans "The Wine of Astonishment" (1982) d'Earl Lovelace (Caraïbes)
Résumé
L’imaginaire colonial donne corps à l’Altérité sous les traits du sauvage, cet Autre, le colonisé. Vecteurs de la voix coloniale -- voix doctrinale -- les tableaux littéraires colonialistes illustrent d’une part, l’absence de langage articulé et intelligible, et d’autre part, la lascivité, voire la monstruosité physique des indigènes. Cet engouement démesuré pour la corporéité corrobore l’absence de la voix subalterne comme sujet d’étude. Le sujet colonisé se trouve ainsi au centre d’une crise de la représentation. L’écrivain contemporain trinidadien Earl Lovelace se donne pour mission de réhabiliter, grâce à ses œuvres, le corps et la voix du peuple antillais. Ainsi, The Wine of Astonishment, roman publié en 1982, fait résonner les voix défendues, proscrites par le gouvernement colonial de l’époque. L’auteur y défend en effet la voix féminine, le parler créole, et la parole baptiste, et étudie le lien complexe qui unit la voix, le corps et l’identité.
Le récit de la lutte pour la reconnaissance du culte baptiste par les autorités n’est autre que le récit d’une reconquête difficile de la voix originelle. Dans ce roman, le corps du colonisé devient, bien que réifié et animalisé par l’imaginaire colonial, le creuset d’une expression et d’une revendication identitaire. Cet article propose donc d’analyser l’éloquence du corps dans le processus d’une (ré)-écriture de soi, et d’une libération de la voix antillaise.
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