Esas picaras de las negras y de las mulatas. El harem esclavista
Abstract
" (Oriental) Women are usually the creatures of a male power-fantasy. They express unlimited sensuality, they are more or less stupid and above all they are willing ", (Said, 2005, p.207). Or, " Such texts can create not only knowledge but the very reality they appear to describe. " (Said, 2005, p. 94). Ne s'agit-il pas toujours et encore de justifier les exactions des colonisations ? Cette forte description d'Edward Said concerne l'Orient, cependant, on retrouve cette présentation d'une femme offerte et en tous cas à prendre dans bien des récits de la conquête coloniale (Gautier 2003). Néanmoins, qui a lu les premiers récits de voyageurs revenus des Antilles françaises ou les nombreux textes d'administrateurs, de planteurs, de juges qui ont jalonné les plus de deux siècles d'esclavage sait la diversité des positions des écrivains, déterminées par la position sociale des locuteurs et par la chronologie (Gautier 1985). Ainsi, les administrateurs et les voyageurs aux îles ont décrit des esclaves lascives, là où les premiers missionnaires voyaient surtout des victimes. La représentation d'une " femme toujours désirante ", s'est curieusement recyclée au XXIe siècle dans l'historiographie française qui décrit toujours l'esclave femme comme consentant aux relations sexuelles pour de l'argent ou la liberté et ne mentionnant pas leurs résistances (Régent 2004 et 2005, Oudin-Bastide 2005). On se demandera ce qui peut expliquer cette étonnante résurgence.