L'évolution des structures familiales aux Antilles françaises et au Yucatan au prisme de l'interculturalité
Abstract
L'objectif du livre est de " rechercher les différences qui existeraient entre les concepts d'interculturalité, d'acculturation et de syncrétisme " à partir des recherches bretonnes et mexicaines. Ce chapitre présente ces différents concepts tels que les a définis la sociologie, en en ajoutant d'autres : hybridation, créolisation, à la suite d'un détour par les Caraïbes francophones où des analyses théoriques tout à fait passionnantes ont été développées, notamment par le regretté Edouard Glissant. La comparaison entre les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique) et le Yucatan mexicain est justifiée autant par leurs points communs que par leurs différences. L'intégration dans l'économie mondiale des deux régions s'est faite selon des modalités à la fois proches et différenciées, les transformant en territoires de monoculture où les individus étaient soumis à des formes d'esclavage mais en éliminant la population autochtone dans un cas et pas dans l'autre. Les migrations sont consubstantielles aux Antilles alors qu'elles sont plus limitées au Yucatan, bien que certains villages y soient dépeuplés et que tous vivent de fortes migrations circulaires. Leurs rôles dans les changements culturels seront donc précisés. La rencontre des cultures sera étudiée dans un seul sens, à l'occasion des transformations opérées, notamment par les migrations coloniales puis postcoloniales, dans les structures familiales antillaises et mayas yucatèques. L'approche socio-historique est fondée sur des enquêtes propres et sur les données d'instituts de statistique des deux régions. Approche qui peut surprendre alors que la sociologie se tourne de plus en plus vers l'analyse des identités et des stratégies individuelles en termes plus weberiens que durkheimiens, c'est-à-dire plus en fonction du sens que les acteurs donnent à leurs actes que de leur matérialisation objective. Pourtant, même si l'on croit que les membres de la société produisent chaque jour celle-ci par leurs interactions, il n'empêche qu'à un moment donné ces actions créent un monde qui peut être décrit statistiquement, même si toute description scientifique simplifie le réel et relève de choix.