L'héritage celtique comme moyen d'exaltation de la "bretonnité" : la lutte bretonne (1930-1980)
Abstract
Aujourd'hui, le gouren est investi, voire surinvesti, d'un discours identitaire (voire " identitariste "), qui consiste à faire rejaillir le passé et les racines culturelles celtes de la pratique en vue de faire valoir une identité bretonne. Le recours aux références sur le glorieux passé celtique de la région, aux pratiques ancestrales ainsi que l'affirmation récurrente d'une appartenance au celtisme moderne manifestent ici une sorte de " besoin d'identité " construit autour d'une modernité repensée de la pratique. Cette posture amène alors les acteurs du gouren à inscrire leurs discours et leurs actes sur un triple registre : celui de la défense d'une spécificité régionale légitimée par l'attache celtique de l'activité ; celui de la revendication d'un patrimoine propre au territoire armoricain ; celui enfin, jamais éludé, d'un attachement à la nation française. C'est cette posture que nous entendons ici interroger en montrant que celle-ci, repérable à tous les moments de l'histoire, mais particulièrement dans l'entre-deux-guerres et dans les années 1960-1970, fonctionne au service de la légitimation culturelle de ce " sport traditionnel " (Épron, 2008)