Flexibilité d'emploi et sécurité salariale, la conciliation impossible ? : réflexion à partir du "chômage-intérim" des jeunes diplômés (France)
Abstract
Le marché du travail intérimaire est un marché en pleine expansion en France (DARES, 2006). L'emploi intérimaire constitue un outil important de flexibilité, y compris selon un processus de substitution plus ou moins direct d'emplois temporaires aux emplois permanents. Trois intérimaires sur cinq ont moins de trente ans. L'épreuve du "chômage-intérim" des jeunes s'inscrit dans un contexte général d'effritement de la société salariale (Castel R., 1995) et compose bien une forme paroxytique de cette "mise en mobilité généralisée" (Castel, 2003) par la fragilité du lien salarial qui lui est intrinsèque. Le contrat de mise à disposition par une agence de travail temporaire cumule les écarts au modèle salarial (identification ambigüe de l'employeur; mise à disposition temporaire; discontinuité des missions, dichotomie des relations de travail et d'emploi)... La discontinuité et la brièveté des missions font de l'expérience de l'intérim une participation en "pointillé" au monde du travail et rendent plus floue et perméable la frontière entre chômage et activité. De même que le travail à temps partiel contraint dissimule une situation de chômage partiel, il paraît plus juste ici au vu du temps effectivement passé en missions de qualifier cette main-d'oeuvre de "chômeurs-intérimaires" plutôt que d'intérimaires qui occulte l'intermittence de l'activité constitutive de ce processus de mise au travail (Papinot, 2003, 2005). A partir de l'analyse d'une centaine d'entretiens avec des jeunes diplômés ayant eu recours à l'intérim à l'entrée sur le marché du travail, on se propose de discuter des débats actuels en France autour de la " flexicurité ", ou celle de sécurisation des parcours professionnels.