Ages et temporalités dans les engagements publics et privés
Résumé
L'exercice de la citoyenneté rencontre des facilités et des handicaps selon les ressources dont disposent les individus tant au plan des capacités relationnelles, des moyens financiers que des degrés de handicap et des soutiens possibles pour les compenser. L'intrication de ces dimensions figure des droits du vieillir fort différents qui mettent en présence non seulement une génération, ou la part de celle-ci qui souffre de handicaps, mais également les descendants limités dans leurs engagements publics du fait de leurs engagements privés. Caractéristique qui concerne également les conjoints lorsque leur compagnon ou compagne se trouve en perte d'accès à l'expression citoyenne autonome. Notre contribution cherche à comprendre la complexité des formes des engagements citoyens dont les degrés de visibilité s'avèrent fort variables. Ainsi, les divers engagements familiaux contribuent aux conditions d'exercice de la citoyenneté des proches en situation de vulnérabilité. L'exercice de la citoyenneté peut s'exprimer à trois niveaux : par soi-même, avec autrui et pour autrui au travers de formes multiples de participation et d'engagements de différents individus. Après avoir conjugué la citoyenneté et la vieillesse en termes d'engagements inter-individuels, qu'ils aient lieu au sein de la famille ou par le biais de réseaux d'entraide, il semble important de faire retour sur l'organisation globale de la cité. Placer la réflexion sur ce plan est indispensable pour connaître les moyens que se donne une société pour permettre l'exercice d'une citoyenneté optimale, ici à l'égard des vieilles personnes ou des personnes à mobilité réduite. En matière de citoyenneté, les possibilités d'accès à la scène publique interrogent les différentes instances collectives, les responsables élus et les organismes chargés à divers titres de l'accompagnement social et de santé, quant à la mise à disposition de services, dont ceux des nouvelles technologies, pour le maintien des liens sociaux et du droit à la cité et à la vie collective des individus en situation de handicap. Mais, ici encore, la " fracture numérique " est telle que les usages de ce type sont peu développés malgré les résultats des expérimentations. Dans un tel contexte, l'individuation lorsqu'elle est conjuguée avec une responsabilisation accrue du citoyen laisse apparaître les faiblesses d'une organisation sociale dans laquelle le droit de vieillir et le droit d'être citoyen s'accompagnent d'obligations à participer, selon des formats plus validés que d'autres, au risque de porter atteinte au sentiment d'appartenance à une même communauté. Les germes d'imposition ainsi présents doivent attirer l'attention sur la nécessité de développer les moyens et les outils adaptés à l'expression du maintien en citoyenneté des vieilles personnes en situation de handicap, dans leurs différents droits et dans les différents registres de la vie en société.