Singularisations de genre en décohabitation partielle féminine : faire du soi et faire famille
Résumé
La vie privée contemporaine apparaît moins comme une organisation pérenne que comme la rencontre éphémère d'individus. Ainsi, en décohabitation partielle féminine, la construction de soi interroge la relation, en suspendant la cohabitation et les pratiques communes, en questionnant l'accord négocié sur la différence genrée interne. Pourtant, si l'on resitue la mobilité féminine dans le donnant-donnant conjugal - approché en entretiens semi-directifs avec chacun-e des conjoint-e-s -, on note qu'elle est observée surtout pour la formation et en contexte conjugal, en tout cas temporairement avant la fondation familiale. La décohabitation est acceptée contre l'utilisation régulière de technologies de communication (dans l'échange, le partage et le faire-part), qui permet la " feinte de cohabitation ", la continuité de la conversation conjugale. Du point de vue du groupe, la négociation joue dans la tension émancipation/affiliation ; du point de vue des actrices/teurs, elle s'exprime par singularisations de genre. Dans cette perspective, la famille est pensée comme espace d'interaction, où chacun-e peut se construire, tout en participant volontairement et électivement à un projet commun à long terme.