L'identité ethnique dans les récits d'origine : l'exemple des Goths.
Abstract
Les théories dites de l'ethnogenèse, liées pour le haut Moyen Âge aux chercheurs qui travaillent dans la lignée des travaux de Reinhard Wenskus, ont fait récemment l'objet d'une série d'articles critiques, construisant une attaque confuse et désordonnée, dont le principal défaut est de mêler indistinctement des éléments historiographiques étalés sur plus de cinquante ans. L'aspect brouillon et imparfait de ces critiques, émises principalement par des chercheurs anglo-saxons semblant découvrir, un peu tard et en bloc, l'historiographie en langue allemande, n'empêche pas qu'elles reposent sur un a priori à mon avis fondé, à savoir la nécessité d'un bilan critique. Près d'un demi-siècle s'étant écoulé à suivre les hypothèses élaborées par Reinhard Wenskus, il semble nécessaire de trier dans ce riche héritage et de juger ce qu'il convient de conserver ou d'abandonner dans notre approche des peuples du haut Moyen Age. Je me limiterai ici à l'examen d'un problème précis : celui de l'interprétation des récits d'origine des peuples du haut Moyen Age par rapport aux traditions qui pourraient composer leur identité ethnique. Le récit d'origine des Goths, qui joua un rôle privilégié dans l'élaboration des théories de l'ethnogenèse, fait ici l'objet d'un réexamen précis, permettant une remise en cause de son interprétation comme du modèle qui en fut tiré.