Querelles de clochers : brocards et sobriquets de Bretagne, glanés dans plus de 800 communes = flemmadennoù parrouz ha taolioù teod.
Abstract
La société bretonne des XIXe et XXe siècles, émiettée en terroirs et plus encore en petites collectivités rurales où chacun connaît tout le monde, où chacun épie les moindres faits et gestes de ses voisins, a longtemps cherché à marquer de manières diverses son appartenance à une communauté qu'elle percevait comme différente des autres et dont elle se montrait fière. Elle a pu le faire par l'intermédiaire d'une mode vestimentaire, d'un style propre de danse, d'une manière originale d'exécuter une tâche, de construire un édifice, de préparer un plat, de composer une chanson etc. De la recherche de ces particularismes sont nés des rivalités et des antagonismes, en un mot, un esprit de clocher. Autrefois, les rencontres entre jeunes gens aux limites de deux territoires, par exemple lors des pardons ou des conseils de révisions, se terminaient la plupart du temps en échauffourées. Au cours de ces altercations, les coups de langue pleuvaient autant que les coups de poings. Ainsi soulignait-on, verbalement, sa différence par des moqueries et des insultes plus ou moins acerbes. Certains de ces quolibets sont restés gravés dans la mémoire populaire sous des formes diverses avec, comme trait commun le souci d'englober sans équivoque le nom d'une paroisse, d'un village ou d'un lieu-dit (blason), dont on cherche à ternir la réputation. C'était parfois un simple sobriquet. D'autres fois, l'injure tenait en deux ou plusieurs phrases, le plus souvent rimées. Cela pouvait même donner jusqu'à de véritables récits anecdotiques (beotiana) visant à tourner « l'autre » en ridicule.