Sur la base de quelque 560 sermons funèbres publiés de bourgeois ayant exercé des fonctions municipales, cette contribution interroge le potentiel de cette source, abondante en Allemagne luthérienne, pour la connaissance des trajets éducatifs des XVIe et XVIIe siècles. Une enquête statistique sur différents éléments du cursus éducatif montre un développement de l'enseignement privé ou domestique, de la formation humaniste dans les écoles latines supérieures ou gymnases, des études juridiques et des voyages de formation, qu'on peut interpréter comme autant de voies de promotion sociale et de différenciation professionnelle. La formation pratique dans l'apprentissage reste cependant un constituant relativement stable des parcours éducatifs de ces élites qui gardent leur base économique dans le commerce et les métiers. Plusieurs curricula établissent l'existence de combinaisons originales entre ces différents types de formations au départ séparées. Les traditions familiales, la contrainte économique, les contingences et accidents de la vie sont les principaux facteurs déterminant les trajectoires de formation. Mais l'exploitation de Leichenpredigten exemplaires éclaire le rôle non négligeable des parents collatéraux et des beaux-parents dans la détermination des trajets éducatifs ouvrant des possibilités de différenciation sociale ou professionnelle. Finalement, cette source documente aussi la force de l'individu, qui arrive parfois à tracer des voies de traverses au sens de Willem Frijhoff.