Quiconque s'intéresse à l'histoire de l'école protestante allemande à l'époque moderne est frappé par la coïncidence entre un temps fort de l'activité législative en matière scolaire et la fin de la guerre de Trente Ans. Les duchés de Brunswick, de Saxe-Weimar, de Saxe-Gotha, de Hesse-Darmstadt ou de Wurtemberg, entreprennent tous des réformes dans ce domaine et proclament pour la plupart l'obligation scolaire. Il est logique de penser que cette concomitance entre la fin de la guerre et une activité de réforme scolaire, qu'on croirait plutôt faite pour le temps de paix et de prospérité, n'est pas fortuite. Pour la comprendre, il faut d'abord rappeler comment les contemporains ont interprété la guerre comme une irruption de la barbarie due à Satan et au péché des hommes et comme ils placent logiquement la reconstruction morale et religieuse au rang des priorités de l'après-guerre ; puis faire un rapide recensement des moyens et des politiques par lesquels l'État territorial confessionnel a cherché à atteindre ce but ; enfin, étudier le rôle spécifique, dans cette politique, de l'école comme instrument de discipline sociale et de rechristianisation en prenant plus particulièrement l'exemple des duchés de Brunswick-Wolfenbüttel et de Saxe-Gotha. Ceci permet de poser en conclusion la question du rapport de ce phénomène avec le mouvement général de Sozialdisziplinierung.