Les identités sexuées et le "troisième sexe" à Tahiti.
Résumé
Dans de nombreuses îles du Pacifique, sous différentes appellations, existent des personnes, ni hommes ni femmes, mi-hommes mi-femmes. En Polynésie française, les mahus sont définis comme des hommes douceurs ou encore des femmes prisonnières de corps d'hommes. Les temps anciens attestent de leur présence ainsi que de leurs fonctions sociales. L'arrivée des missionnaires et de la morale chrétienne a participé à l'émergence d'un nouvel ordre moral et sexuel. Les mahus restent aujourd'hui présents et visibles. Elles/ils sont intégré(e)s dans la vie locale, professionnelle, culturelle et sont accepté(e)s, tant que la sexualité reste non dite ou non visible (tabu). On examinera ici comment cette figure emblématique s'articule à d'autres — celle du rae rae et celle de la vahiné — et en quoi elle permet d'interroger les catégories de sexe, contribuant par là même à la remise en cause d'une approche binaire des identités sexuées.