La réflexion proposée s'appuie sur une étude menée durant l'année universitaire 1999/2000 au sein du Centre de Recherches Européennes en Education Corporelle (CREEC) de Strasbourg. Celle-ci était axée sur l'analyse des organisations de jeunesse alsaciennes durant l'entre-deux-guerres. Il nous importait alors de comprendre l'essentiel des processus transversaux d'émergence ou de développement de ces organisations en nous attachant aux particularités du contexte socio-culturel alsacien de la période. Nous proposons ici un point d'approfondissement de cette perspective : nous montrerons que l'essor de ces différentes organisations de jeunesse alsaciennes semble s'intégrer pour cette période dans une réalité sociale et culturelle qui favorise, en corrélation directe avec le développement effectif de la scolarisation, l'épanouissement d'une tendance éducative dans le domaine non-scolaire de l'encadrement de la jeunesse. Cette perspective d'analyse nous paraît être essentielle à une histoire sociale locale. Au sortir de la Première Guerre Mondiale, on peut avoir tendance à considérer la jeunesse comme une entité sociale dépositaire de « vraies valeurs », la « force capable de refaire le monde » en quelque sorte . Les sociabilités proposées par les organisations de jeunesse qui émergent dans ce contexte semblent avoir eu un rôle, sinon prépondérant, du moins important et novateur dans la formation d'une jeunesse dont les caractères propres (action, enthousiasme) sont exaltés. Elles allaient plus tard influencer les choix des jeunes en matière de loisir et accoutumer les individus à l'exercice de leurs responsabilités au sein des associations. La recherche menée éclairera finalement d'un point de vue original tous ceux que l'affirmation progressive de la jeunesse dans la société alsacienne en tant que groupe culturel et social spécifique concerne.