L'inscription de la Seconde Guerre mondiale dans les paysages et la mémoire en Bretagne.
Abstract
Région française occupée de la mi-juin 1940 à l'été 1944 et enjeu stratégique pour les Allemands comme pour les Alliés anglo-saxons, la Bretagne porte encore de nombreuses traces de ce passé qui a marqué la seconde moitié du XXe siècle. Soixante ans après la Libération de la péninsule bretonne en août 1944, par l'action conjointe des armées alliées et des Forces françaises de l'intérieur (FFI) issus des divers mouvements de Résistance et de leurs forces armées (Francs-tireurs et partisans français - FTPF - créés par le Parti communiste français en 1942 et Armée secrète - AS), il convient de s'interroger sur les marques encore visibles de cette guerre dans le paysage et sur la dimension mémorielle que l'on trouve aussi bien dans l'action des associations et les commémorations que dans les lieux de mémoire. En outre, la question identitaire bretonne a été marquée par l'engagement collaborationniste d'une fraction très minoritaire du mouvement politique breton aux côtés des Allemands. Or, ce passé a été réactivé par des polémiques récentes opposant plusieurs mémoires de la guerre et mettant en jeu le travail des historiens. Que devient le patrimoine militaire hérité de la politique défensive de l'occupant ? Quels sont les enjeux et les moyens de diffuser non seulement le souvenir, mais aussi les valeurs et le savoir de cette guerre qui a marqué les contemporains et les générations nées après le conflit ? Quel intérêt culturel, voire touristique, ce patrimoine peut-il présenter aujourd'hui ?